lundi 24 septembre 2007

P2P news

P2P : vent de panique sur les serveurs eDonkey ?

Les adeptes du téléchargement l'auront sans doute déjà remarqué : il se passe des choses inhabituelles sur le réseau eDonkey et les principaux serveurs européens utilisés pour la mise en relation des différents utilisateurs apparaissent hors ligne ou ne répondent plus aux requêtes des utilisateurs. Pour certains, la cessation d'activité de grands noms du P2P comme les DonkeyServer, BigBang ou BytesDevil sonne le glas d'eMule tandis que d'autres tempèrent, et rappelle l'efficacité du protocole décentralisé Kademlia. Certains, enfin, tirent la sonnette d'alarme et évoquent un possible blocage généralisé du réseau par les fournisseurs d'accès à Internet au niveau européen. eDonkey dans la tourmente ? A défaut de réponses définitives, voici un tour de la question.


Concrètement, que se passe-t-il ?

Contrairement à ce que certains laissent entendre, il n'existe à l'heure actuelle aucune coalition européenne visant à barrer définitivement la route au trafic à destination du réseau eDonkey et si certains fournisseurs d'accès à Internet brident effectivement le P2P, ils ne le font à notre connaissance pas plus sévèrement aujourd'hui qu'ils ne le faisaient hier.


Historiquement, le réseau eDonkey repose sur une série de serveurs, chacun étant capable d'accueillir un nombre donné d'internautes. Ces serveurs centralisent les fichiers disponibles et les utilisateurs connectés au réseau. A partir de ces données, ils mettent en relation les différents clients eMule pour que A puisse télécharger chez B pendant que B récupère lui-même un fichier chez C.


Depuis une quinzaine de jours, il est avéré que certains de ces serveurs, parmi les plus importants en termes de capacité (plusieurs centaines de milliers de clients simultanés), ne répondent plus correctement aux requêtes des internautes : ils ne renvoient plus de résultats de recherche, n'assurent plus la mise en relation entre les clients ou sont tout simplement inaccessibles.


Bien que les performances globales du réseau eDonkey souffrent de la baisse de régime de certains de ses plus solides piliers, la machine ne s'arrête pas de tourner, notamment parce qu'il reste de nombreux serveurs en activité. De plus, le client eMule intègre en effet depuis plus de deux ans un nouveau protocole, baptisé Kademlia, qui présente la particularité de changer chaque utilisateur en un mini serveur capable de gérer des mises en relation et d'accueillir des recherches de fichiers. Kademlia fonctionne de façon parfaitement décentralisée : couper une tête ne servirait à rien puisque chaque entité du réseau est une tête en puissance. Le réseau est donc virtuellement indestructible, à moins qu'une décision radicale soit imposée aux fournisseurs d'accès.


Pourquoi ces quelques serveurs ne fonctionnent-ils plus correctement ?

Chacun de ces serveurs est administré par une petite équipe, qui se charge de récolter les fonds nécessaires à l'achat ou à la location des machines, ainsi que de la gestion de ces dernières. Le statut de ces administrateurs vis à vis de la loi est relativement flou car les serveurs eDonkey n'hébergent pas les contenus qu'ils servent à faire circuler, à l'exception des oeuvres et programmes libres de droit. De fait, ils ne diffusent aucun fichier illégal au sens strict du terme, même s'il parait difficile de réfuter leur rôle dans la circulation de contenus soumis au droit d'auteur.


Différents associations telles que l'Ifpi (Fédération internationale du disque) tentent régulièrement d'intimider les administrateurs de ces serveurs. L'une d'elles, basée aux Pays-Bas et baptisée Brein - pour Bescherming Rechten Entertainment Industrie Nederland - affirme dans une note datée du 14 septembre être à l'origine de la mise hors ligne de douze serveurs eDonkey. La Brein indique avoir fait parvenir un avertissement aux hébergeurs utilisés par certains de ces serveurs. Bien qu'elle reconnaisse ne pas forcément détenir l'identité des administrateurs qui se cachent derrière ces machines, elle suppose que ces avertissements ont porté leurs fruits. « Parfois, les sites ou les serveurs disparaissent sans prévenir. Les responsables ne veulent jamais admettre que cela a à voir avec nous », déclare Tim Kuit, en charge des destinées de la Brein.


D'autres auraient pris le parti de réduire leurs activités par crainte de futures représailles. Ce serait par exemple le cas des administrateurs des fameux « Donkey Server ». Cette marque de prudence pourrait être rapprochée de récentes décisions prises en Allemagne et visant à intensifier la riposte contre ceux qui administrent des serveurs dédiés aux échanges de fichiers, puisque l'on parle maintenant d'une amende de 20.000 euros par morceau de musique. De quoi faire réfléchir les plus audacieux, même s'il faut en théorie que les fichiers soient stockés sur le serveur pour que la responsabilité de l'administrateur soit engagée.


Non, eMule n'est pas mort, et les quelques phénomènes constatés ces derniers jours ne signifient pas que le réseau eDonkey va s'éteindre. Bien qu'imparfait, Kademlia pallie en partie le manque de serveurs, et certains ne tarderaient pas à remettre sur pied de nouvelles machines dans des pays laxistes si la fermeture des poids lourds était avérée. Mais n'en déplaise aux partisans de la libre circulation des oeuvres de l'esprit, des mesures visant à étouffer les réseaux P2P finiront sans doute par être mises en place. De l'arsenal judiciaire utilisé pour lutter contre les pirates à la petite semaine au filtrage qui pourrait être imposé aux FAI, les moyens de riposte contre le P2P ne manquent pas.

The Pirate Bay dépose des plaintes pour piratage !


La semaine dernière a été particulièrement mouvementée dans le monde du Peer To Peer et du piratage. Celle-ci a notamment été marquée par la mise hors circuit d'un certain nombre de serveurs liés au réseau eDonkey / eMule (voir P2P : vent de panique sur les serveurs eDonkey ?). Les jours passés ont également mis sous les projecteurs une firme assez peu connue du grand public : MediaDefender.


Spécialisée dans la surveillance, la traque des utilisateurs des réseaux P2P, cette société se charge également de « polluer » ces mêmes réseaux avec de faux fichiers aux noms alléchants. MediaDefender est principalement financé par les maisons de disques et par Hollywood. MediaDefender aide effectivement, moyennant finances, les ayants-droits à dénicher les pirates sur les réseaux P2P.


Dernièrement, pas moins de 700 Mo d'emails confidentiels, liés à cette même société ont été piratés et récupérés par un groupe de hackers au nom assez équivoque de « MediaDefender-Defenders », qui s'est ensuite chargé de les distribuer sur BitTorrent. Ces emails ont mis au grand jour un certain nombre de pratiques critiquables, mais ils ont surtout donné au site The Pirate Bay des billes pour riposter face à Hollywood qui cherche depuis longtemps à mettre le site (spécialisé dans la recherche et l'hébergement de fichiers trackers BitTorrent) hors circuit.


Les emails volés à MediaDefender prouvent effectivement qu'un certain nombre de studio et de maisons de disques ont engagé des hackers afin de trouver des moyens techniques (mais illégaux) pour rendre le site inaccessible. Les nombreuses tentatives judiciaires pour rayer The Pirate Bay de la toile ont toutes échoué, cela aurait donc encouragé certains ayants-droits à user de moyens pas vraiment en règle. Une manière de procéder qui rappelle l'affaire TorrentSpy / MPAA (voir MPAA/Torrentspy : le hacker retourne sa veste).


Suite à cette découverte, The Pirate Bay a annoncé aujourd'hui sur son site avoir déposé des plaintes pour « tentatives de sabotage, attaques par dénis de service, hacking et spamming » contre les labels suivants :


Twentieth Century Fox (Suède)
Emi Music (Suède)
Universal Music Group (Suède)
Universal Pictures (Nordique / Scandinavie)
Paramount Home Entertainment (Suède)
Atari (Nordique / Scandinavie)
Activision (Nordique / Scandinavie)
Ubisoft (Suède)
Sony Bmg Music Entertainment (Suède)
Sony Pictures Home Entertainment (Nordique / Scandinavie)


Reste maintenant à voir ce que tout cela va donner concrètement. Affaire à suivre ...


Source : clubic.com

Aucun commentaire: